Hoftag

Traduction proposée : diète de cour

Traductions alternatives et problèmes de traduction : voir ci-dessous

Définition : cette traduction est usitée et retenue notamment par le Dictionnaire historique de la Suisse. Néanmoins, la difficulté du terme repose moins dans sa traduction, relativement évidente, que dans ses usages historiographiques en ce qui concerne les rassemblements d’Empire, d’autant que les termes attestés dans la documentation sont non spécifiques (colloquium, conventus, tag, hove). Il conviendra de se référer à l’historiographie la plus récente et de retenir l’appellation proposée par les historiens germanophones. La recherche sur le développement du Hoftag en Reichstag est en grande partie due aux travaux de Peter Moraw, dans la perspective de la densification organisationnelle (gestaltete Verdichtung), et a trouvé une forme quasi-définitive dans l’ouvrage de Gabriele Annas en 2004.

Le concept de Hoftag est appliqué seulement pour la période médiévale du Saint-Empire. Néanmoins, pour les 14e et 15e siècles, Gabriele Annas distingue plusieurs catégories d’assemblées d’Empire : le Hoftag, le Gemeiner Tag (assemblée commune) ou le Reichstag (Diète d’Empire), affinant ainsi l’historiographie ancienne qui attribuait généreusement le terme de Reichstag à des rassemblements des 14e et 15e siècle, et restreignait Hoftag aux périodes antérieures. L’utilisation du terme de Reichstag pour les périodes antérieures au 16e siècle, attesté dans l’historiographie ancienne, est désormais rejetée.

Gabriele Annas fournit, dans un article du lexique historique de la Bavière, une liste d’assemblées d’Empire (Reichsversammlungen) de 1314 à 1495. Distinguant ces diètes informelles des rassemblements pour l’élection et le couronnement du souverain, elle énumère 28 « diètes de cour royale ou impériale » (königlicher / kaiserlicher Hoftag) selon que le souverain est roi des Romains ou empereur) avant de qualifier les rassemblements postérieurs à 1378 de « diète royale » (königlicher Tag). Seule la diète de Worms de 1495 est qualifiée de Reichstag. Donc : Hoftag certainement avant 1376, « diète royale et impériale » entre 1376 et 1495, Diète d’Empire pour la première modernité.

Le lieu des diètes dépend de l’itinéraire et des préoccupations du roi des Romains/de l’empereur. Dans la mesure où les princes sont rarement présents simultanément hors des jours d’élection et de couronnement, les assemblées d’Empire sont des dates marquantes des règnes des souverains – et des interrègnes de l’Empire. On distingue néanmoins les « assemblées sans roi » (königsloser Tag, expression de la recherche récente) de la diète de cour. Cette absence du souverain, due aux circonstances exceptionnelles ou organisées sans son consentement, peut être vue, dans certains cas, comme une « rencontre d’électeurs » (Kurfürstentag). Les « diètes urbaines », quant à elles, désignent les rassemblements de délégations de villes d’Empire préalables aux rassemblements formels des grands états. Ici, dans ces rassemblements informels, peut se poser la question de la traduction systématique de Tag par « diète », terme qui suggère une forme de solennité qui ne correspond pas nécessairement à la réalité de certaines rencontres.

Précisons ainsi le sens que l’on peut proposer pour Hoftag. La « diète de cour » est une assemblée relativement informelle de princes d’Empire à l’initiative de l’empereur. Le rassemblement est justifié par le devoir d’assistance et conseil (consilium et auxilium) que l’empereur élu peut attendre de ses sujets immédiats : princes laïcs et ecclésiastiques – mais aussi, à partir du milieu du 13e siècle, villes d’Empire. La diète de cour est néanmoins aussi le théâtre où les princes monnaient leur soutien et négocient des privilèges.

Gabriele Annas voit dans l’évolution des assemblées d’Empire une transition entre le Hoftag (assemblées de personnes, de vassaux autour de leur souverain) et le Reichstag (assemblées des états et organisation des délibérations en curies). Le Gemeiner Tag, à partir des années 1420-1430, marquerait une forme intermédiaire, insistant sur le rassemblement d’un grand nombre d’acteurs, sans représenter néanmoins l’Empire comme somme de toutes ses parties.

Jean-Dominique Delle Luche