Traduction proposée : comte-palatin impérial

Traduction alternative : /

Définition : la dignité de comte-palatin impérial renvoie à l’exercice de la régale impériale, dont une partie (jamais la totalité) peut être déléguée moyennant finances. Réplique des missi dominici carolingiens, quoique privés de fonctions judiciaires, cette dignité bénéficie d’abord à quelques grandes familles italiennes ; c’est au 14e siècle, sous Charles IV, qu’on rencontre pour la première fois des comtes-palatins impériaux au Nord des Alpes. Au 16e et surtout au 17e siècle, l’octroi de la dignité par la chancellerie impériale se fait plus fréquent, avec des attributions de plus en plus importantes ; dans la seconde moitié du 18e siècle en revanche, les protestations des états d’Empire semblent entraîner son déclin.

Le périmètre des droits qu’obtiennent les comtes-palatins impériaux varie fortement suivant le bénéficiaire et l’époque considérée. Nomination des notaires impériaux ou légitimation des bâtards, confirmation d’adoptions ou d’émancipations, mais aussi droit d’attribuer les dignités académiques, de nommer les « poètes couronnés par l’empereur », voire d’octroyer des lettres d’armes ou même d’anoblir, peuvent ou non en faire partie, sans qu’il n’y ait ici de règle stricte. Jusqu’à l’empereur Matthias (1612-1619), ces prérogatives sont le plus souvent accordées à une personne, à titre viager ; par la suite, on voit apparaître la possibilité de leur transmission héréditaire. A partir de cette époque, cela conduit à distinguer « petit » et un « grand » palatinat (kleines und grosses Palatinat), auquel s’ajoute un palatinat institutionnel dont bénéficiaient nombre d’universités, plusieurs abbayes ou chapitres cathédraux bénédictins, mais aussi certains conseils de ville.

On estime que la chancellerie impériale aulique a, jusqu’à sa disparition en 1806, créé de 2 000 à 2 500 comtes palatins. Mais les bénéficiaires du grand palatinat (au nombre d’une centaine pour l’époque moderne) pouvaient à leur tour créer de « petits » comtes palatins, si bien qu’il faut peut-être, pour mesurer la diffusion de cette dignité, doubler cette première estimation. Le cercle des individus directement concernés était plus large encore : de 1575 à 1806, 172 professeurs exercent ainsi les prérogatives « palatines » de l’université d’Helmstedt. Octroyée d’abord à des juristes (ceux-ci représentent les quatre cinquièmes des bénéficiaires du « petit » palatinat), la dignité de comte-palatin impérial est ensuite conférée de plus en plus largement. Au 18e siècle, il n’est pas rare qu’elle soit dénoncée sous les termes d’« épicerie à diplômes » ou de « fabrique de notaires ». Cela n’empêche pas nombre d’employés de la chancellerie de l’Empire, de juges et d’avocats à la Chambre de justice impériale, voire de diplomates allemands ou étrangers, de la convoiter – elle et les revenus qui lui étaient associés. La nomination de comtes-palatins impériaux permettait donc à l’empereur de construire des cercles d’influence allant au-delà du rôle qui lui était institutionnellement réservé.

Problèmes de traduction : kaiserlicher Hofpfalzgraf est déjà une traduction de comes palatii regis. Comme l’allemand Graf, le terme de comte prête à confusion : ici, il ne s’agit pas nécessairement de noblesse, mais plutôt de « compagnonnage » avec l’empereur dans l’exercice des droits qui lui appartiennent en propre ; le tiret est quant à lui nécessaire pour distinguer les comtes-palatins impériaux du comte palatin du Rhin. À partir du 17e siècle, on peut aussi employer les expressions de « grand » et « petit » palatinat, bien que cela implique d’omettre le terme à traduire pour qualifier le phénomène qu’il révèle.

Vincent Demont